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Le post-partum de la GPA

  • Photo du rédacteur: Julien et Mathieu
    Julien et Mathieu
  • 10 juin 2020
  • 5 min de lecture


Dans les forums, on parle bien peu du ressenti des parents intentionnels et de la mère porteuse après accouchement. On se limite à dire que la mère porteuse devient par la suite une très bonne amie à qui les parents intentionnels donnent des nouvelles de temps en temps.


Parfois, le désir d’enfant est tellement fort qu’il nous fait plus ou moins fermer les yeux sur la réalité du processus. C’est comme si nous nous déresponsabilisions de cet acte en intégrant le fait que “tout est fait de façon éthique” et que la mère porteuse est totalement consentante. C’est d’ailleurs elle-même qui nous choisit.


C’est seulement quelques mois avant de me rendre au Canada que j’ai réalisé que j’allais devoir partir pour récupérer un enfant et le ramener en France. Cette image m’a beaucoup troublé dans la mesure où je me suis demandé si le fait que nous apportions une somme d’argent chaque mois à cette femme consentante rende l’acte de le lui enlever légitime.

 

Lorsque nous avons fait le peau à peau avec Armand, nous le regardions avec tellement de joie. Pourtant, lorsque je levais les yeux, j’osais à peine regarder cette femme merveilleuse qui avait porté notre enfant pendant neuf mois, tout à coup vidée intérieurement, émotionnellement et physiquement de ce petit être. Malgré qu’elle soit à ce moment-là entourée de ses amies, je l’ai vue seule, ce qui a réveillé en moi une sensation de gêne que j’avais auparavant pressenti.


Encore deux semaines après, lorsque je porte cet enfant, je peux ressentir à la fois tout l’amour que notre mère porteuse éprouve pour lui (en plus de celui que j’éprouve moi-même), mais aussi tout son chagrin lié au fait qu’elle n’a pas la même chance que nous de l’avoir auprès d’elle à tout moment. Alors, je ne peux m’empêcher d’éprouver un mélange de tristesse et de culpabilité.

Peu à peu, je réalise l'égoïsme de notre acte. J’ai le sentiment que par désir d’avoir un enfant de nos gênes, nous avons fait endurer à une femme la chose la pire qu’il soit. Certes, cela part d’un geste volontaire d’une personne incroyablement généreuse, mais cela n’enlève pas la souffrance qu’engendre un tel sacrifice de se voir séparée de l’enfant qu'elle a nourri et aidé à se développer pendant plusieurs mois.


C’est à ce moment-là que la phrase “un enfant ne s’achète pas” fait sens dans ma tête. Je réalise qu’il est impossible de mesurer le prix d’un tel amour, et qu’au dela de l’aspect financier, c’est une relation d’amour qui s’instaure entre la mère porteuse, l’enfant et nous. Pour moi, elle est et restera la mère de notre enfant, et ce lien qui les lie nous fait l’aimer comme un membre à part entière de la famille. Aujourd’hui, nous regardons tous les trois Armand avec tellement de bonheur que nos regrets s’estompent. Cette expérience nous a permis de tisser des liens uniques et inimaginable. Elle vient tous les jours nous rendre visite, nous nous livrons à elle et elle se livre à nous plus que jamais. Quelque part, nous pensons tous les trois que nous avons eu de la chance que le destin nous ait fait nous rencontrer, car cette relation n’aurait pas été la même si cela n’avait pas été “nous”, si cela n’avait pas été “elle”. Ce qui la rend si unique, c’est cette incommensurable reconnaissance que nous éprouvons pour elle et cette fierté qu’elle éprouve de nous avoir permis de devenir parents. Le retour en France va être difficile pour nous, et c'est pour cela que nous organisons déjà un "après", puisqu'elle viendra nous rendre visite dans quelques mois. 


C’est ainsi que la balance se rééquilibre, que la fierté prend le dessus sur son chagrin et que notre immense reconnaissance prend le dessus sur notre culpabilité.



In the forums, little is said about the feelings of the intentional parents and the surrogate after childbirth. They just say that the surrogate subsequently becomes a very good friend to whom the intentional parents give news from time to time.


Sometimes the desire for a child is so strong that it more or less makes us ignore the reality of the process. It’s as if we discharge all responsibility for this act by incorporating the fact that “everything is done ethically” and that the surrogate is totally consenting. It’s herself who chooses us.


It was only a few months before I went to Canada that I realized that I was going to pick up a child and bring him back to France. I was very troubled by this idea as I wondered if the fact that we were bringing in money every month to this consenting woman made the act of taking him away legitimate.


When we made skin to skin with Armand, we looked at him with so much joy. However, when I looked up, I hardly dared look at this wonderful woman who had carried our child for nine months, suddenly emptied internally, emotionally and physically of this little human. Even though she was surrounded by her friends at the time, I saw her alone, which aroused in me a feeling of embarrassment that I had previously anticipated.


Another two weeks later, when I carry this child, I can feel the love that our surrogate feels for him (in addition to the one that I feel myself), but at the same time all her grief related to the fact that she doesn't have the same luck as us to have him with her at all times. So, I can't help but feel a mixture of sadness and guilt.


Little by little, I realize that I have committed a selfish act. I have a feeling that out of the desire to have a child of our genes, I made a woman endure the worst thing. Admittedly, this comes from a voluntary gesture of an incredibly generous person, but it doesn't take away the suffering that such a sacrifice causes to be separated from the child who has been fed and helped to develop during several months.


It was then that the sentence "a child cannot be bought" from people against surrogacy made sense in my head. I realize that it's impossible to measure the price of such love, and that beyond the financial aspect, it's a love relationship that is established between the surrogate, the child and us . For me, she is and will remain the mother of our child, and this bond that binds them makes us love her as a full member of the family.


Today, the three of us look at Armand with such happiness that our regrets are fading. This experience has allowed us to forge unique and unimaginable ties. She comes to visit us every day, we confide in her and she confides in us more than ever. In a way, the three of us think that we were lucky that fate made us meet, because this relationship would not have been the same if it had not been “us”, if it had not been “her”. What makes it so unique is the immeasurable gratefulness we have for her and the pride she has in allowing us to become parents. The return to France will be difficult for us, and that is why we are already organizing an "after", since she will come to visit us in a few months.


This is how the balance rebalances, how proudness takes precedence over sorrow and how our immense gratefulness takes precedence over our guilt.



 
 
 

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